Séminaire doctoral du CCMO, Jeudi 02 Mai 2024
Sciences Po Paris, 13 rue de l’Université, 75007, Salle C. Érignac – Également en ligne
(Podcast du séminaire à venir prochainement)

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Amr Abdelrahim est doctorant en politique comparée (Sciences Po – CERI. Dir. S. Lacroix, N. Puig). Sa thèse porte sur le rap, la jeunesse et les stratégies d’adaptation individuelles au changement politique, économique et social dans l’Égypte post-révolutionnaire. Il est également chercheur au programme Turquie et Moyen-Orient de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Karim Hammou, sociologue, chargé de recherche au CNRS, membre du CSU-CRESPPA.

Résumé de l’intervention

Le rap égyptien rencontre, depuis quelques années, un succès commercial inédit. Sous l’impulsion d’une génération de rappeurs et producteurs « nouvelle école », ce genre musical, autrefois marginal au sein même de la catégorie de la musique « underground », constitue désormais une industrie musicale mobilisant un grand nombre de « personnel de support » (producteurs, distributeurs, réalisateurs, photographes, vidéastes, influenceurs, etc.). Les rappeurs remplissent désormais des salles de concert géants. Leurs portraits couvrent les panneaux de publicité qui défilent le long des grands axes routiers du Caire.

Faudrait-il chercher à expliquer le succès récent que rencontre la chanson rap égyptienne par l’évolution de ce produit culturel et des circonstances de sa production ? Issus pour la plupart de la classe moyenne inférieure, —alors que leurs aïeuls venaient de milieux plus aisés– les rappeurs et producteurs de la « nouvelle école » semblent effectivement avoir bénéficié de leur position sociale intermédiaire pour renouer avec les éléments textuels, mélodiques et rythmiques de la musique égyptienne populaire, ce qui expliquerait selon certains pourquoi leur musique parle à plus d’auditeurs. Une autre démarche consisterait à suivre dans les pas du sociologue américain Howard Becker en analysant « non pas la genèse des innovations, mais plutôt le processus par lequel des personnes sont mobilisées afin de rejoindre une activité coopérative régulière. » (2008 : 310). Il faudrait alors analyser la constitution de nouveaux réseaux de coopération avec la participation des différents médiateurs, qu’il s’agisse d’acteurs traditionnels du champ de la musique égyptienne (producteurs, distributeurs, agences de marketing, syndicat des musiciens) ou de nouveaux entrants (plateformes audio-numériques, vidéastes, pages de fans).

Nous sommes aussi menés à nous interroger sur les conséquences de la consolidation « d’un monde du rap » égyptien (Hammou, 2012). Quel sont les rapports de force qui gouvernent les interactions entre ses différents participants ? Quels sont les retentissements de la professionnalisation de la pratique du rap sur les jeunes égyptiens amateurs de rap ? Comment élaborent-ils des stratégies quasi-professionnelles, au sein d’une communauté imaginaire bâtie autour de l’écoute du rap –en ligne ou dans des lieux de sociabilité– et imprégnée d’un discours de réussite économique individuelle, que l’on pourrait qualifier comme « cruellement optimiste » (Armbrust, 2019). L’intervenant tentera de formuler des réponses préliminaires à ces questions en présentant les résultats d’une enquête ethnographique conduite au Caire pendant l’automne 2023.

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