Séminaire doctoral du CCMO, Vendredi 08 décembre 2023
Au Collège de France, 3 rue d’Ulm, Paris 5e. Également en ligne
(lien zoom transmis aux personnes inscrites à la rencontre)

S’inscrire à la rencontre

Rencontre avec :

Simone SPERA est doctorant en anthropologie au LESC (UMR 7186). Dans son master en Ethnologie et anthropologie sociale à l’EHESS (2019), il a étudié l’engagement du mouvement anarchiste à Athènes dans l’accueil des migrants. Sa thèse, intitulée « Des utopies éducatives dans la catastrophe : les pédagogies émancipatrices au Liban (1964-2023) » (Thèse d’anthropologie à Paris Nanterre, dir. Isabelle Rivoal et Stéphanie Latte Abdallah), reconstruit une tradition de pédagogies émancipatrices au Liban entre les années 1960 et aujourd’hui, à partir des programmes d’alphabétisation des adultes avec la méthode de Paulo Freire jusqu’aux écoles en forêt et démocratiques de nos jours.

Discutant : Yohan DUBIGEON, Maître de conférences en Sciences de l’éducation à l’Université de Saint-Etienne.

Résumé de l’intervention
Cette communication retrace l’évolution des registres de la critique de l’institution scolaire au Liban, de l’époque de l’expansion de l’école publique et des mouvements étudiants, jusqu’au conflit civil et régional de 1975-1990 et à la phase de reconstruction nationale qui l’a suivi. Si dans l’avant-guerre les pédagogies émancipatrices sont nourries principalement par la perspective d’une critique de classe, le conflit produit un déplacement majeur du registre de la critique, qui abdique certaines de ses positions précédentes et va interroger les liens entre éducation et violence. Nous soutenons que cette mutation ne se réduit pas à un épuisement de la critique, comme certains récits désenchantés le suggèrent, mais constitue plutôt une phase de réadaptation de celle-ci aux circonstances, qui permet également l’émergence de nouveaux questionnements et l’affinement d’autres plus anciens. Il s’agira de saisir la vie de ces idées pédagogiques comme un objet en mouvement, mouvement marqué par la tendance permanente de la critique à être récupérée par l’idéologie dominante d’une époque. Pourtant, cette histoire des idées ne restera pas abstraite, elle s’ancrera dans une socio-histoire des acteurs et de groupes au cœur de ces débats pédagogiques, ainsi que de leurs formes d’engagement. Le premier est Liban socialiste (1964-1971), organisation de la nouvelle gauche comptant de nombreux enseignants et étudiants parmi ses militants, dont certains produisent une critique inédite de l’école et expérimentent en classe des pratiques d’auto-gestion ou d’enseignement critique. Le deuxième est le Projet œcuménique d’éducation populaire, né de l’expérience de groupes d’alphabétisation dans la banlieue est de Beyrouth avant la guerre, et devenu le diffuseur de la méthode de Paulo Freire au Liban pendant et après la guerre. Enfin, le Mouvement des droits humains, qui met en place dans les années 1990 un projet d’« éducation humaine » dans plusieurs écoles publiques et privées à l’échelle du pays.

Rejoignez-nous* ou renouvelez votre adhésion au CCMO facilement
* Pour toute nouvelle adhésion, merci de faire parvenir votre CV et demande d’adhésion au bureau du CCMO en écrivant à : ccmorient@gmail.com

Laisser un commentaire